La nouvelle vie de Clo-clo

 

11 mars 1978 - 15 H

Claude François est en effet dans sa baignoire en train de prendre un bon bain chaud. Sauf qu'il n'est pas en train de s'adonner aux joies de l'électricité comme l'ont toujours prétendu les livres d'Histoire. Tout d'abord, qui serait assez stupide pour faire de l'électricité tout en prenant son bain ? Pas grand monde.

Réflexodrome

Non, il profite en fait des joies de la baignade pour faire une chose qu'il n'a d'ordinaire pas trop coutume de faire : il réfléchit. A vrai dire, sa vie de star lui pèse. Il en a marre de ces cohues interminables après chacun de ses concerts, de ses groupies prépubères qui font le siège de son appartement parisien, sa tendinite au poignée le fait horriblement souffrir pourtant, il doit toujours signer près de 500 autographes par jour : c'est l'enfer.

Son rêve serait de redevenir anonyme pour qu'on lui foute la paix. Soudain, un éclair de génie traverse son esprit vaporeux : et s'il disparassait, là, maintenant, tout de suite ? Cette idée folle lui plaît, il a besoin d'un nouveau challenge, regravir une à une les marches du succès, repartir à zéro dans une contrée inconnue. Reste à déterminer sa terre d'exil. Sa soeur lui a parlé d'un pays merveilleux où les jours durent six mois, où les enfants font du patin à glace sur les lacs gélés 11 mois sur 12, un pays où les esquimaux ne sont pas des glaces à bâtonnets comme c'est le cas chez nous mais des humains comme vous et mois.

Ce pays, c'est : LA LAPONIE.

Son choix est fait, notre clo-clo national se casse en Laponie. Là-bas au moins, il sera peinard. Il place un mannequin dans sa baignoire, jette un néon dans l'eau pour faire croire à un accident et prend le premier avion pour le pays des esquimaux.

Dès son arrivée, son premier soucis est de s'attacher les services d'un manager compétent qui pourra lui permettre de regravir les marches de la gloire dans un pays où les codes culturels diffèrent totalement de ceux qu'il a connu en France. Il le trouve en la personne d'Alberto Miguel Angelo de li Alpi, descendant direct du mythique peintre et sculpteur italien Michelangelo.

Avec l'aide d'un grand chirurgien esthétique américain, il se modèle un visage d'apollon digne de ses ambitions et perd près de 20 ans grâce à la magie d'un lifting régénérant. Il s'astreindra enfin à un régime draconien (biscottes et Cacolac) qui lui permettra de retrouver la silhouette élancée de son adolescence.

Un nouvel homme est né et il s'appelle Jean-Claude François. Sous cette fausse identité personne ne pourrait deviner qui il était vraiment. A partir d'aujourd'hui, demain ne sera plus jamais hier.

Mais que serait Clo-clo sans ses clodettes ? Pas grand chose, il le sait. C'est pourquoi, flanqué de son redoutable manager, il sillone le pays à la recherche des perles rares. Au bout de quelques mois de quête, un quatuor de choc est ainsi formé.

Dès lors, la Laponie vivra des années de clo-clomania ininterrompues. Jean-Claude François truste les hits-parades lapons avec des tubes imparables comme : "Le mardi au soleil", "Celles, celles,celles", "Comme de Coutume", "Le téléphone sonne" ou encore "Alexandrie redescendra".

Très bien, me direz-vous, il est agréable d'entendre parler des stars mais à quoi ressemble le Lapon de base, celui que l'on croise dans la rue tous les jours ?

Eh bien il ressemble en général à ça :